Les jeux Mafia : Chronique d’une franchise en perte de vitesse
Sorti en 2003 après le raz-de-marée GTA (Rockstar sort GTA 3 en 2001 et Vice city en 2002), Mafia The City of Lost Heaven n’a pas fait couler autant d’encre que ses deux prédécesseurs mais a bénéficié d’un bouche à oreille inespéré grâce l’originalité de son gameplay.
Au début des années 2000 l’industrie des jeux-vidéos encore balbutiante n’hésitait pas à s’inspirer très franchement de l’ambiance et des personnages de films d’actions pour s’assurer un bon accueil auprès du public. Les premiers GTA n’échappent pas à la règle, GTA 3 plonge le joueur dans une vendetta sentimentale au cœur d’un New-york fictif déchiré par les gangs tandis que GTA Vice city est clairement une combinaison de Scarface et Miami Vice.
Pour ne pas trop empiéter sur les plates-bandes de Rockstar et vice-versa, 2K décide donc d’exploiter un genre bien particulier des films de gangster : le film de mafieux. Un genre suffisamment riche et différent des films d’action des années 90 et qui permet aux studios 2K de changer facilement d’époque, d’organisation criminelle et de type de personnage.
Mafia The City of Lost Heaven : les prémices des jeux de mafieux
Nous voici donc en 1930, un an après le krach boursier et 3 ans avant la fin de la prohibition, juste à temps pour devenir criminel. Mafia nous ramène à une époque où l’Amérique n’a pas la même place dans le monde, ou le criminel n’a pas la même place dans la société et où les klaxons font un bruit marrant. Et pour cause, au début notre personnage n’est qu’un honnête chauffeur de taxi poussé par les circonstances à travailler pour l’une des deux familles mafieuses de la ville.
On commence gentiment avec quelques passages à tabac et autres dégradations de véhicules, notre héros est content d’avoir retrouvé du boulot et apprécie les privilèges que lui réserve sa nouvelle vie. Mais très vite les balles sifflent et notre héros passe de la fusillade héroïque pleine de bonnes intentions à l’assassinat facile et sans honneur. Les tensions montent entre les deux familles, le protagoniste se voient confier des tâches de plus en plus délicates qui vont mettre à l’épreuve son sens de la morale et ses valeurs. Dans un dernier élan d’humanité il laisse la vie sauve à deux personnes qui ont trahi la famille et qu’il devait assassiner, une erreur digne d’un simple civil scellera son destin.
Et c’est là ou le jeu marque des points, il nous permet d’incarner un gangster qui a une conscience et qui hésite parfois à appuyer sur la détente. Sur le plan narratif il était beaucoup plus facile de s’identifier au personnage de Mafia The city of Lost Heaven qu’au personnage muet et sans états d’âmes de GTA 3.
Mafia II : l’amélioration de l’expérience de jeu
Il faudra attendre 7 ans avant que 2K ne décide de renouveler l’aventure en sortant son second opus : Mafia II. Cette fois-ci l’histoire se passe au lendemain de la seconde guerre et c’est à travers les yeux d’un jeune fils d’immigrés italiens que nous découvrons le monde de la pègre. Les organisations criminelles qui ont fleuri pendant la prohibition sont désormais à l’apogée de leur pouvoir et commence à fonctionner comme des multinationales au nez et à la barbe du FBI qui ignore encore leurs existences. C’est l’Âge d’or du crime organisé italo-américain, la mafia étend petit à petit ses tentacules dans les cercles de pouvoir de la société américaine.
C’est dans ce contexte que notre personnage, bien décidé à faire carrière, acceptera les basses besognes de sa famille, mettra en place les braquages et autres règlements de compte qui lui permettront de gravir les échelons.
L’équipe qui a réalisé Mafia 2 était bien déterminée à pousser la simulation encore plus loin pour ce second opus. En plus des améliorations graphiques le joueur pourra explorer la ville au volant d’une cinquantaine de véhicules rétro en laissant la bande-son rock’n’roll rythmer ses déplacements. Les scénaristes ont également prévu un petit passage par la case prison et pour la première fois le joueur peut faire ses propres choix à certains points clés de l’histoire.
A la différence du premier Mafia de nombreuses petites interactions enrichissent l’expérience de jeu, comme le fait de pouvoir ouvrir le capot de sa voiture, d’allumer la lumière d’une pièce, de prendre un hot dog etc.
Pourtant beaucoup de fans de la franchise sont restés sur leur faim avec ce second opus car même si le scénario, les missions et les graphismes présentent une nette amélioration, il n’y a toujours pas d’activités à faire en ville ! En 2003 on pouvait comprendre que cette dimension de l’open world ne soit pas encore réalisable, mais en 2010 les attentes ne sont plus les mêmes et une fois le jeu fini il ne reste pas grand-chose à faire.
Tous les espoirs se portent désormais sur le prochain épisode de la série des jeux mafia.
Les développeurs réussiront-ils le pas de géant qui permettra de mettre le jeu au même niveau que GTA ?
Mafia III : l’aube d’une nouvelle ère ?
En 2016 Hangar 13 et 2K sortent Mafia III, cette fois-ci l’action se déroule à La Nouvelle-Orléans en 1968. Lincoln Clay, métisse originaire de la ville revient du Vietnam pour découvrir que ses proches ont une dette envers la mafia italienne locale et qu’il va peut-être falloir combattre à la maison aussi.
Assez rapidement sa famille est piégée par la mafia et décimée, Lincoln est laissé pour mort. Bien décidé à se venger quitte à y rester, notre héros s’acharnera inlassablement à reprendre la ville aux mains des italiens pour affaiblir ses ennemis.
On retrouve le style de narration typique de la série Mafia dans l’histoire principale même si le héros, pour la première fois, ne fait pas partie de la mafia. L’atmosphère et la bande-son des sixties nous donnent un tableau assez différent des précédents jeux, les graphismes sont au rendez-vous et les fusillades sont beaucoup plus impressionnantes.
Mais assez vite on est pris d’une sensation de pas assez et on essaye de pousser plus loin l’expérience. Y’a-t-il des activités dans cette ville immense ? Que faire si je ne veux pas utiliser d’armes à feu ? Et c’est là qu’on retombe dans les travers des jeux précédents avec une map énorme, sublime mais vide. En dehors de se venger, Lincoln n’a strictement rien d’autre à faire en ville. Pire encore, toutes les petites interactions qui avaient été rajoutées dans Mafia II (ouvrir le capot de sa voiture, fermer une porte etc) ont été retirés ce qui donne l’impression d’un véritable retour en arrière comparé aux jeux précédents.
Le jeu est sorti assez tôt et on ne compte pas les bugs et erreurs de texture qui viennent gâcher l’expérience. Mafia III est l’exemple même du jeu qui se contente de remplir le « cahier des charges » de l’open world moderne en donnant la vague impression d’une progression. Heureusement deux DLC sont venus un peu étoffer mais le jeu reste globalement un échec qui a été très mal été accueilli par les fans de la première heure.
Malgré tout Mafia III offre tout de même une belle part de dépaysement grâce à son histoire principale riche en rebondissements. Et si la perspective de conduire une Muscle Car à tombeau ouvert à travers les marais de la Louisiane en écoutant les Rolling Stones vous attire, c’est que ce jeu est fait pour vous.
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