Les jeux crypto Play-to-Earn : révolution ou simple effet de mode ?
Gagner de l’argent en jouant à des jeux vidéo ? Ce qui semblait encore utopique il y a quelques années est devenu réalité avec l’essor des jeux Play-to-Earn (P2E), qui rémunèrent les joueurs en cryptomonnaie pour leur temps de jeu et leurs performances. Appuyés sur la technologie blockchain, ces jeux permettent d’accomplir des quêtes, d’élever des créatures virtuelles ou de livrer des combats dans des univers immersifs. Le tout en collectant de véritables récompenses numériques – souvent des jetons échangeables ou des NFT. Le modèle séduit autant qu’il interroge.
Cryptomonnaies et jeux vidéo : un duo gagnant ?
Certaines cryptomonnaies ont gagné en popularité en s’intégrant directement dans l’univers des jeux. The Sandbox, par exemple, repose sur le jeton SAND, utilisé à la fois comme monnaie d’échange et outil de gouvernance dans l’univers du jeu. En parallèle, d’autres actifs numériques émergent, à l’image d’une crypto prometteuse dont la capitalisation progresse en parallèle du succès des jeux qui la soutiennent. Cette relation entre technologie financière et expérience ludique marque un tournant dans la manière dont les joueurs interagissent avec les jeux vidéo.
Un marché en pleine expansion (à l’international)
À l’échelle mondiale, les jeux Play-to-Earn suscitent un engouement croissant. Selon une étude de Business Research Insights, le marché des jeux NFT P2E représentait environ 1,35 milliard de dollars en 2024. Elle et pourrait même atteindre 1,64 milliard cette année, avec une croissance annuelle estimée à plus de 21 % jusqu’en 2033. Ces données concernent principalement le marché international. Cependant, elles témoignent de l’intérêt grandissant pour ce modèle économique.
La France encadre les jeux Web3 avec la loi SREN
En mai 2024, le Parlement a adopté la loi SREN (Sécuriser et Réguler l’Espace Numérique), qui introduit une nouvelle catégorie : les Jeux à Objets Numériques Monétisables (JONUM). Le but est de poser un cadre pour les jeux vidéo où les joueurs peuvent gagner des objets numériques qu’ils peuvent ensuite revendre, sans que ces jeux soient considérés comme des jeux d’argent. La régulation est confiée à l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ), qui assure un suivi strict. La France devient ainsi le premier pays européen à réguler officiellement cette nouvelle forme de divertissement numérique.
Des pionniers du modèle Play-to-Earn
Des titres emblématiques ont lancé le mouvement Play-to-Earn et restent aujourd’hui des références majeures du genre. Axie Infinity a été le précurseur du modèle économique fondé sur l’élevage et la vente de créatures numériques, tandis que The Sandbox mise sur un monde ouvert façon métavers. Les utilisateurs peuvent acheter, construire et monétiser des terrains virtuels.
Illuvium, pour sa part, allie RPG, exploration et stratégie dans un univers 3D aux graphismes soignés, où chaque créature capturée représente un actif échangeable. D’autres titres comme Gods Unchained (jeu de cartes), Big Time (action-aventure), ou encore Star Atlas (simulation spatiale) enrichissent l’offre et attirent aussi bien des joueurs occasionnels que des investisseurs avertis.
Limites et critiques du modèle
La première critique concerne l’accessibilité. En effet, des jeux imposent un investissement initial conséquent pour pouvoir débuter. Dans Axie Infinity, par exemple, il faut posséder plusieurs créatures NFT pour jouer. Ce qui peut représenter plusieurs centaines d’euros. Une barrière d’entrée qui va à l’encontre du principe d’inclusivité propre au jeu vidéo traditionnel.
Autre problème soulevé : la durabilité économique du modèle. Certains jeux P2E reposent sur l’entrée de nouveaux joueurs pour alimenter la valeur des récompenses distribuées. On compare ce mécanisme aux systèmes pyramidaux. Lorsqu’un jeu perd en popularité, la valeur de ses actifs peut s’effondrer, laissant certains joueurs avec des investissements sans retour.
Et maintenant ?
La vague du Play-to-Earn n’est probablement pas encore terminée, mais elle doit se réinventer. L’époque du simple “joue et gagne” semble laisser place à un modèle plus hybride, combinant divertissement réel et opportunités de gains mieux encadrées. Des studios commencent à privilégier des approches centrées sur le gameplay et la narration. De quoi intégrer les actifs numériques de manière plus subtile.
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